Misère, misère…

Aujourd’hui, retour aux basiques.

Nous parlions dans l’article précédent des plantes qui attirent les abeilles, celles que l’on met sur son balcon, celles que l’on met devant sa fenêtre de cuisine. Comme nous y allions! Ah, la fougue du premier article c’est quelque chose!!!

Alors maintenant un peu de réalisme: aujourd’hui je pense à toi, oui, toi, qui vis dans un appart’ aux vitres scellées (ça se joue à pas grand chose, un coup de pinceau en trop sur les gonds et c’est fichu!), dans une grotte, sur un tapis de yoga installé sous ton bureau au travail…

« Bonjour madame, je n’ai jamais rien acheté d’autre que des fleurs coupées. Mes compétences en horticulture se limitent tout juste à faire la différence entre une rose de Damas et une pâquerette. J’ai eu une plante une fois, un cactus. J’avais 8 ans. Depuis rien. Je manque de temps en général et je suis peu chez moi. La perspective d’avoir quelque chose à charge me pétrifie. Mais voilà, depuis quelques temps je cultive ce rêve un peu fou d’avoir une plante verte dans les parages. Pas une plante fleurie car je n’ai pas de balcon. Pas une plante aromatique car je ne me fais pas à manger, je n’assaisonne rien, je ne me fais pas de tisane non plus et je compte pas faire spécialement d’efforts pour changer mon régime alimentaire. Utopie? »

Ah mais non, point du tout. La solution s’appelle la misère! (et puis pour ton régime alimentaire, on en reparle plus tard…)

La misère est, entre chose, une plante d’intérieur. C’est sans doute la meilleure amie de ceux qui débutent, n’ont pas la main verte, ont la fâcheuse tendance à oublier d’arroser, habitent un appart’ à meurtrières exposées nord… La misère, sachez-le, est une très belle plante qui pardonne presque tout: posez la sur un meuble, elle se contente de peu et se déploie volontiers en épaisse cascade verte, mauve, rayée…

Son petit nom technique est « Tradescantia », mais si vous dites à votre conseiller Truffaut « Bonjour je veux une misère », il saura vous orienter vers un très très joli pot en suspension à 20 euro. Quoi? 20 euro? Oui… Alors, loin de moi l’idée de vous inciter au vol, ceci dit vous pouvez donc investir une première fois dans une belle motte, ce que vous ne regretterez jamais, ou bien vous pouvez y réfléchir quelques secondes et regarder vos pieds en sifflotant. Si vous avez de la chance, vous devriez détecter quelques branches cassées tombées par terre. En général elles sont mal en point, les feuilles sont desséchées et froissées, elles inspirent la pitié… Bon, penchez-vous, et prenez-les. Nonon, sérieusement, prenez les. Discrètement hein. Hoplà, dans le sac! Quelques jardineries sont assez futées pour les récupérer et les replanter pour les revendre ensuite, mais la plupart du temps, un coup de balai et poubelle! Du coup vous faites presque une bonne action en leur donnant une seconde chance.

Vous êtes chez vous, assis par terre, la tête entre les mains, à regarder les pauvres lianes : « je fais quoi maintenant? ». Eh bien mes amis vous allez bouturer. Facile. Vous prenez un verre, vous mettez de l’eau dedans. Vous prenez vos branches, vous ôtez la dernier feuille de chaque branche. Vous remarquez qu’ en général à l’endroit exact ou il y a une feuille, il y a comme une intersection, une boursouflure: c’est ce qu’on appelle un nœud, et c’est à partir de ce niveau, au bas de votre branche coupée, que vont se former de nouvelles racines.

Immergez vos branches jusqu’à ce que le niveau de l’eau soit au dessus de ce nœud. Posez le verre dans un coin tranquille. C’est tout. Rendez-vous dans quelques jours…

Ok très bien, vous devriez voir des racines au travers du verre maintenant, dans l’eau. Les feuilles de vos branches se sont redressées, d’autres semblent vouloir pousser. C’est assez magique. Pour la suite vous avez besoin d’un peu de matériel, car vous êtes prêts pour planter vos branches.

Il vous faut:

  • du terreau
  • un pot troué
  • des cailloux
  • de l’eau

Prenez votre pot vide, mettez une petite couche de cailloux au fond.

Pourquoi? Ils vont permettre à l’eau d’arrosage de s’écouler efficacement sans que la terre ne vienne s’accumuler et boucher les trous d’évacuation. Par ce biais ils protègent également la base des racines du pourrissement par immersion ou manque d’oxygène.

Remplissez de terreau puis faite une sorte de puits au milieu, comme en pâtisserie.

Prenez vos branches et disposez gentiment les racines dans le trou.

Si vous voulez faire plusieurs pots, divisez les en bouquet avant, et n’hésitez pas à réquisitionner un chat pour les empêcher de s’envoler pendant la manipulation si besoin…

Compléter en terreau si nécessaire. Les racines doivent êtres bien couvertes. Tassez pour éliminer les bulles d’air. Arrosez copieusement. Encore plus copieusement que ce que vous ne pensez.

Tadannnnnnnnnn!

 

Je pose ma plante où?
Où vous voulez, du moment qu’elle ne se prend pas les rayons du soleil de plein fouet et qu’elle est à l’abri des courant d’air. Elle se plait entre 19°C et 24°C donc à l’intérieur en hiver et pourquoi pas dehors quand le temps s’y prête dans l’année.

J’arrose tous les combien?
Une fois par semaine c’est bien. Mettez une soucoupe en dessous du pot pour récupérer l’eau et videz la après l’arrosage. Si vous la laissez pleine, certes, l’eau va finir par s’évaporer, mais en attendant vos racines vont stagner dans leur jus, c’est parfait pour qu’elles pourrissent… Du printemps à la fin de l’été, un peu d’engrais bio dans l’eau d’arrosage une fois tous les 15 jours.

C’est tout ce que j’ai besoin de savoir?
De base oui, mais maintenant il va falloir être attentif…

Au secours, j’ai peur, les feuilles palissent!
Problème de luminosité. Changez la plante de place. Les feuilles sont molles: elle manque de soleil. Les feuilles sont sèches: elle en a trop. Dans ce cas, débarrassez là de ses feuilles mortes pour libérer de la place pour les nouvelles pousses à venir.

Au secours, j’ai peur, les feuilles jaunissent et sont molles!
Problème d’arrosage. Touchez la motte: si elle est sèche, vous n’arrosez pas assez, si elle est humide, vous arrosez trop. Régulez vos arrosages et éviter de verser l’eau sur les feuilles, visez bien la terre à la base des branches. Regardez votre plante de plus prêt: est-ce que c’est une variété à feuilles lisses ou « velues ». Seules les variétés lisses tolèrent de temps en temps les pulvérisations d’eau.

Au secours, j’ai peur, les racines sortent par les trous de drainage!
Rempotez! Votre plante demande plus de place: c’est bon signe! Profitez-en pour renouveler 50% de sa terre avec l’ajout d’un bon compost et de la gratifier d’un apport en fumier (oui, je sais… Mais c’est important. Ça aussi nous en reparlerons…).

Oups, j’ai cassé une branche…
Très bien. Bouturez-la! Un verre d’eau, on enlève la dernière feuille de la branche, et « plouf »! Quand les racines sont faites, rempotez dans le pot avec les autres, ou plantez là à part pour l’offrir.

Oui mais enfin quand même, une seule branche, ça fait un peu misérable pour un cadeau…
Mettez un bouquet en bouturage: si vous avez une bonne longueur, coupez directement quelques branches de votre plante-mère. Cassez la branche juste au dessus d’un nœud (juste après le point d’encrage d’une feuille) en prévoyant de laisser au moins la valeur de 3 feuilles sur la portion fraichement détachée. Ne vous inquiétez pas, vous lui faites du bien: la branche mère se renforcera et se regarnira de feuilles à sa base, tandis que de nouvelles pousseront également au niveau du « bout cassé ».

Ma plante se dégarnie à la base. Je voudrai lui donner un coup de boost sans couper les longueur. Sur internet on me dit de « pincer » les jeunes pousses. Je ne comprends pas…
Normal. En fait il faut comprendre « couper ». Regarder le bout de la branche. Il y a une toute petite feuille lovée dans une autre feuille un peu plus grande, vraiment tout au bout. Pincez là entre votre pouce et votre index et coupez là avec votre ongle. Ça fait mal au cœur mais ça renforce votre plante à sa base…

J’adore ma plante. Vraiment. Mais là les branches sont tellement longues que je ne peux plus fermer ma porte de frigo sans qu’elle se coincent dedans… Je veux bien bouturer mais je n’ai rien pour faire tremper mes branches…
Vous pouvez procéder comme pour un bouturage mais mettre directement vos branches dans la terre au lieu de les faire passer par la case « pot rempli d’eau ». Normalement ça marche aussi, les racines se faisant directement au contact de la terre.

Je ne comprends pas. Ma plante allait bien et maintenant elle dépérit. J’ai tout essayé, je ne sais plus quoi faire…
Ah. Le petit cas sympa. Il paraît que les plantes « absorbent » les choses autour d’elle. Comment vous sentez-vous en ce moment? Êtes-vous malade? La plante ne serait-elle pas à votre image en ce moment? Donnez un nom à votre plante, encouragez la à guérir et parlez-lui quand vous l’arrosez. Faites lui des compliments si elle pousse bien, que ses feuilles brillent, qu’elle vous fait des fleurs, elle n’en sera que plus rayonnante!

Bon, j’ai tout fait comme tu m’as dit mais voilà… Je crois qu’en fait, ce n’est pas une misère que j’ai planté, mais autre chose qui ressemble, en plus gros… Je fais quoi?
Tout pareil. C’est une Pothos. Ce n’est pas à proprement parlé une misère mais c’est le même genre. A ceci près que c’est gourmand en soleil, qu’il faut éviter de mâcher les branches parce que la sève est toxique et qu’elle est dépolluante pour l’air ambiant. Elle peut éliminer 2/3 des composés (benzène, ammoniaque, formaldéhyde, monoxyde  de carbone,…) en suspension dans l’air ambiant d’une pièce en une nuit. Ces polluants viennent des appareils de chauffage, des colles et peintures, des vernis ou des détergents utilisés plus ou moins régulièrement dans nos lieux d’habitation. Le feuillage de la pathos fixe les polluants qui sont rejetés dans la terre par les racines. Les bactéries dans le pot se chargent ensuite de les neutraliser.

Je veux une plante dépolluante mais je ne suis pas trop « feuilles rondes », plutôt « feuilles pointues »…
Une phalangère?

Voilà, avec ça vous devriez vous en sortir comme des chefs et passer pour des jardiniers exemplaires auprès de vos amis. Ne vous fiez pas à la petite mine de vos première branches: dans un an vous croulerez sous les lianes!

5 commentaires sur “Misère, misère…

  1. Alinea dit :

    Oui ben alors dis comme ça ça à l’air facile mais moi j’en ai fait crever plusieurs des misères…

    • Je connais donc au moins 2 personnes qui les font mourir. Et ça me dépasse! Ahah! Ca ne m’arrive jamais mais j’imagine que si c’était le cas je m’amuserais à déplacer la plante un peu partout dans l’appart pour essayer de voir quel coin lui plait le plus, je lui parlerais et pincerais les dernières feuilles pour renforcer les racines en révisant peut être mes habitude d’arrosage. Si rien de ça ne fonctionne alors j’irai chercher un explication plus ésotérique…

  2. stephanie dit :

    Bonjour je vous ecris cat ma plante, une misere, a les tiges qui desseche sur ma plante mère tous le coeur est sec alors que les geuilles sont belles et continue a pousser alors jai bouturer mais jai le meme probleme la tige a la base est casiment morte mais la plante est belle pourtant jarrose 1 fois par semaine je ne comprend pas

    • Bonjour Stephanie! Essayez de couper les longueurs plus régulièrement. Parfois il suffit même juste de couper la toute jeune feuille au bout de la tige, et de le faire régulièrement jusqu’à ce que la condition générale de votre plante s’améliore. Ca vous fera certainement un peu mal au coeur sur le coup mais cela devrait re-stimuler la pousse de feuilles à la base de votre plante. Sinon, si votre plante se porte bien et continue de pousser, et que le coté esthétique ne vous dérange pas, vous pouvez laisse tel quel. Un petit coup d’engrais pour plante verte pourrait également aider 🙂

  3. Bonjour j’ais compris pourquoi il faut un chat hihihi….
    Moi j’en ai un et sa m’aide…VOYER SE QUE JE VEUX DIRE?(Surout merci pour le site)
    ammicalement
    Stef Leroy

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